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la société
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Edito

Par Anicet Le Marre
11.02.2025
Comment
les pauvres enrichissent les riches

Avant
propos
1-
La Constitution Française adopte, en son préambule,
l'article premier de la Déclaration des Droits de
l'Homme, lequel énonce que
"Les
hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits".
S'il
est vrai que la Nature ne donne aucun privilège aux
nouveaux-nés quels qu'ils soient, il serait erroné
de croire que la Société en ferait autant.
Les
hommes qui naissent dans un milieu aisé ont déjà
bénéficié d'une vie intra utérine
favorisée par rapport à ceux nés dans
une famille défavorisée. Si, à leur
naissance, la société les déclare égaux
en droits, elle n'en fait pas pour autant des hommes
égaux en chances. Des
différences se manifestent très vite entre
eux, en fonction des groupes sociaux auxquels ils appartiennent.
2-
La richesse ne tombe pas du ciel. Si donc, au sein d'une
société, il y a des très riches, des
riches, des moins riches et des pauvres c'est que chacun
ne reçoit pas la même chose.... ou bien c'est
que les uns lèsent ou volent les autres.
******************************
La
ségrégation riches/pauvres apparait au néolithique:
A
cette époque (-10.000 à -2.200 ans ), les
moyens de subsistance alimentaire étaient plutôt
abondants, eu égard à la faible densité
de population. La cueillette des fruits et végétaux
fournissait une grande part de l'alimentation et le gibier
ne faisait pas défaut.
Nos
ancêtres chasseurs-cueilleurs étaient nomades.
Leur principale préoccupation était la survie.
La cohésion du groupe était nécessaire
pour pratiquer la chasse. C'est pourquoi les
sociétés de chasseurs-cueilleurs se caractérisaient par
un profond égalitarisme: Les produits de la chasse et de
la cueillette faisaient l'objet d'un partage, chaque individu
recevant une part du butin, y compris les femmes qui assuraient
la cueillette et les tâches domestiques. Ne connaissant
pas les moyens de conservation des denrées, ils mangeaient
au jour le jour et distribuaient de façon égalitaire.
Puis
nos ancêtres se multiplient et comprennent que l'agriculture
et l'élevage permettent d'assurer l'avenir bien mieux
que la cueillette et la chasse qui restent aléatoires.
C'est un changement qui s'est fait progressivement, mais
c'est un changement radical et décisif qui amène
la tribu à se fixer sur un territoire. C'est la sédentarisation.
La
pratique de l'élevage et la possibilité de
stocker certaines récoltes vont bouleverser l'accès
aux ressources alimentaires et profondément modifier
les rapports sociaux dans le groupe. Les ressources sont
désormais liées à la qualité
de la terre possédée et au savoir-faire des
nouveaux agriculteurs-éleveurs. Elles deviennent
de moins en moins collectives et font désormais l'objet
de spéculation. Le
partage collectif des ressources va céder la place
à l'échange, au troc et au marchandage, ce
qui va permettre aux individus les plus malins, ou les plus
ambitieux, de tirer profit de ces échanges. Or, qui
dit profit dit gagnant et perdant.
Dès
lors, la cohésion du groupe cède du terrain
à l'épanouissement individuel ou familial.
L'individualisation
est en marche et la compétition va prendre le pas
sur la solidarité jusque-là obligatoire.
C'est
à cette époque que l'inégalité
trouve sa source et avec elle la notion de riches et de
pauvres.
Au
cours des millénaires qui vont suivre, le processus
inégalitaire ne fera que s'amplifier, les profiteurs,
en petit nombre, vont exploiter les plus faibles au point
que ces derniers deviendront les esclaves des premiers.
Le travail des plus faibles va produire la richesse d'une
élite dominatrice.
Aujourd'hui, si l'esclavage est officiellement aboli, ce
principe d'exploitation de l'Homme par l'homme n'a pas changé;
il s'est seulement modernisé. Les riches continuent
à s'enrichir sur le dos des pauvres.
Le
travail n'est pas rémunéré à
sa juste valeur
"Depuis
des décennies, le capital est mieux rémunéré que le travail"
Christine Lagarde, présidente de la BCE, ex directrice du
FMI.
Quand
un individu cherche du travail il cherche à vendre
ses capacités de production (physiques, intellectuelles
ou les deux) à un autre individu (un patron qui possède
un atelier, une usine, ...un potentiel de production) contre
une rémunération. Le patron pourrait se contenter
d'équilibrer ce que lui coûte son employé
et ce que va lui rapporter la vente de ce que l'employé
aura produit. Or il cherche surtout à ce que la valeur
produite soit supérieure aux coûts de production
(y compris la rémunération dudit patron).
Et ainsi, à générer un profit qu'il
va garder pour lui au lieu de le partager.
Produit = charges + profit
C'est
la généralisation de ce principe universel,
décliné sous de multiples variantes, qui est
à la base de l'enrichissement d'une élite
sur le dos de ceux qui ne possèdent que leur force
de production. Son
application conduit à de monstrueuses et abominables
aberrations.
Par
exemple: Comment justifier les revenus d'un certain
Bernard Arnault comparé au SMIC qui est la référence
de salaire la plus répandue ?
Selon l'Observatoire
des inégalités: Le patrimoine professionnel
de Monsieur Arnault en 2024 est estimé à 203
milliards d'euros. (Et encore.... sans prise en compte de
sa fortune personnelle ...) Pour accumuler autant, une personne
au SMIC devrait travailler.... plus de 10 millions d'années
et épargner tout ce qu'elle gagne ! Si, si... vous
avez bien lu. Faites le calcul vous-même:
SMIC net annuel début 2025: 17.115
203.000.000.000 / 17.115 = 11.860.940 années
Et
Monsieur Arnault n'est pas le seul: Il a plein de copains
milliardaires ou multi-millionnaires ... qui ont appliqué
le même principe !

Les
femmes restent moins payées que les hommes:
Dans
le secteur privé, les femmes gagnent 23,5 % de moins que
les hommes en moyenne. Elles travaillent plus souvent à
temps partiel et dans des métiers moins bien payés que les
hommes.
Le
bénévolat (travail non rémunéré)
sert surtout à pallier la déficience de l'Etat,
notamment dans les domaines culturels et sociaux.
-
De nombreuses associations se sont créées
pour offrir une écoute aux patients en détresse
ou en fin de vie et un soutien à leurs proches. Elles
sont animées par des bénévoles qui
remplissent une fonction que n'assument ni les médecins
de famille, ni les services de soins à domicile, ni les
structures hospitalières.
-
Les bénévoles des Restos du Cœur pansent
les plaies des "oubliés".
Pendant
que l'Etat dilapide l'argent public en cadeaux aux entreprises
Folies
architecturales présidentielles, dépenses somptuaires des
collectivités locales, gaspillages ministériels et parlementaires,
gouffres des administrations, faillites des entreprises
publiques, projets pharaoniques avortés, dettes de l'Etat...
Tout
cela c'est l'argent des contribuables: NOTRE argent.

La liste des cadeaux fiscaux aux grosses entreprises est
infinie:
-
Suppression de la taxe professionnelle,
- Suppression
de l’ISF (5 milliards),
-
Flat tax (3 milliards),
-
CICE (20 milliards),
- Baisse des impôts de production (10 milliards),
-
Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE,
plus de 10 milliards),
- Crédit impôt recherche (6 milliards)
- .....
Au
total, environ 160 milliards sont donnés chaque année par
l’État. Or, les seuls qui
ne participent pas à cet effort collectif sont les dirigeants
et les grandes firmes. Ce sont les seuls qui voient leurs
profits et leurs marges exploser, pendant que les Français
les plus précaires renoncent à des repas.

L'Etat privatise le bien public
Qui
se souvient de l'époque où ces entreprises
étaient propiété de l'Etat, et qui
appartenaient donc au peuple tout entier ?
St
Gobain, Matra, Rhône Poulenc, Elf, Seita, Renault
(partiel),
BNP
Paribas, Société Générale,
Crédit Lyonnais,
La
SNCF,
EDF
- GDF,
France Télécom,
La
Française des Jeux
Les
aéroports (Paris, Toulouse...), les autoroutes
....
La
privatisation des autoroutes a été enclenchée
par le gouvernement Jospin dès le début des années
2000 avec la vente de 49 % des « Autoroutes du
sud de la France » (ASF). Le gouvernement Raffarin
a continué sur cette lancée avec la privatisation
partielle d’autres sociétés d’autoroutes. Le coup
de grâce a été porté par le gouvernement De Villepin
en 2006 avec la privatisation totale de la majeure
partie des autoroutes françaises.
De
ces ventes, l’État n'a tiré que 14,8 milliards
d’euros. De 2006 à 2019, les tarifs des
autoroutes ont augmenté de 122 %. Rien que pour
l’année 2016, les actionnaires ont reçu 4,7 milliards
d’euros, soit un rendement de l’investissement
total de 32 % sur une seule année.
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Pour
avoir un panorama complet des privatisations depuis 1986
à 2019 on pourra se reporter à la page suivante
de wikipedia
...
permet l'optimisation, la fraude et l'évasion fiscale
L’optimisation fiscale emploie les dispositifs fiscaux mis
en place par l’État et parfaitement légaux.Ils utilisent
des mécanismes complexes accessibles seulement aux
riches via leurs cabinets d'expertsise comptables et d'avocats
spécialisés.

Le
montant de la fraude fiscale, estimé en 2023, entre 60 et
80 milliards d’euros par an (jusqu’à 100 milliards selon
les chiffres du syndicat
Solidaires Finances publiques)
L’évasion
fiscale représente un délit, c’est l’action de recourir
volontairement à des dispositifs non légaux dans le but
de payer moins d’impôts que ce que l’on doit.

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Les
éditos précédents sont accessibles
ici.
Un des outils parmi les plus démocratiques qui soient:
Le
Référendum
Pourquoi
n'est-il (quasiment) jamais utilisé?
|
On
a fait croire aux gens que la démocratie se résumait au
droit de vote, que les pauvres doivent travailler pour les
riches, que les riches sont nécessaires pour le bien des
pauvres, que c'est comme ça et que ça ne changera pas. Et
les gens l'ont cru... comme dans l'allégorie de la caverne
de Platon.
Mais nous ne sommes plus au temps des cavernes. Les gens
s'informent. Ils ne se laissent plus berner...

Ceci
est une promesse politique...
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