Changer de bocal pour
Changer la société

 

La nature humaine

 

 

Celui qui propose l'idée de changer la société pour une société meilleure, plus juste, plus sociale, plus fraternelle,… se fait généralement traiter de doux rêveur, d'utopiste et d'irréaliste… Et s'il demande qu'on lui explique en quoi ce projet de changement de société paraît si utopique on lui sert généralement l'argument de "la nature humaine": L'homme est ainsi fait qu'il n'acceptera jamais de changer; il faut des chefs pour donner des ordres et des exécutants pour les exécuter, de tout temps il y a eu des riches et des pauvres et c'est comme ça, un point c'est tout.

Ainsi donc serait la nature humaine: égoïste, inégalitaire et… immuable !

 

Mais… qu'est-ce qui fait la nature humaine ?

Dans la nature humaine il faut distinguer entre deux choses:

  • Ce que l'homme a reçu de la NATURE
  • Et son conditionnement ultérieur (socialisation)

La part de la Nature

C'est ce que la Nature nous a donné à la naissance et que nous possédons tous :

  • Un corps d'homme ou de femme avec toute la diversité de ses caractéristiques physiques.
  • Un patrimoine génétique, contenu dans nos chromosomes, qui va faire que chacun un exemplaire (quasi) unique, différent de son prochain.
  • Un cerveau animal, basique gérant des fonctions de base comme le réflexe de succion, de survie, de défense,…
  • Un cerveau évolué qui distingue l'homme du végétal et de l'animal; qui lui donne un potentiel d'émotivité (éprouver des sentiments), un potentiel d'imagination, de raisonnement et d'intelligence.

Ces 4 éléments sont le fruit de l'Evolution et sont communs à l'ensemble des humains.

 

La part du conditionnement:

Si les 3 premiers éléments sont à peu près immuables, y compris le cerveau animal, le cerveau évolué occupe une place particulièrement décisive. Les neurones qui le constituent vont continuer à se développer après la naissance pour progressivement

  • créer un réseau capable de stocker les informations et créer la mémoire,
  • assembler les éléments entre eux pour élaborer la base des idées, des émotions, des projections dans le futur.

C'est sur cette partie active et évolutive du cerveau que vont s'exercer, dès la naissance, les influences de l'environnement social qui vont le conditionner.

Conditionner c'est forger une condition (sous-entendu humaine) dans le sens décrit par le dictionnaire Larousse, comme étant la "place que quelqu'un occupe dans une société hiérarchisée selon des critères économiques, culturels, sociaux, selon la classe à laquelle il appartient".

Nous savons tous que nous sommes modelés par l'influence

  • De notre milieu familial et du rang social de nos parents (Les chats ne font pas des chiens... ou, comme on dit au Japon, "Les pommes ne tombent pas loin de l'arbre").
  • De l'école, à travers les programmes scolaires, selon nos maîtres et aussi selon nos fréquentations pendant notre scolarité.
  • Du monde du travail dans lequel nous devons nous battre pour gagner notre vie.
  • De la société de consommation et notamment par la publicité et le marketing.
  • De nos loisirs et de nos relations sociales.
  • Des medias (lectures, culture, télé, réseaux sociaux…)

Ce sont toutes ces influences qui interfèrent pour forger le caractère propre à chacun de nous.

Mais nous n'avons pas obligatoirement conscience de subir ces influences. C'est ce qui fait croire qu'il est dans la NATURE HUMAINE"

  • D'avoir le goût de l'argent
  • D'être égoïste et de vouloir dominer son prochain. Ne dit-on pas que charité bien ordonnée commence par soi-même?

 

Croire que ces caractéristiques comportementales sont partie intégrante de la nature humaine et dire que "De toute façon, l'homme est ainsi fait, on ne le changera pas"! permet de se complaire dans un laxisme égoïste et confortable pour notre conscience, mais constitue un puissant destructeur de l'intelligence humaine.

A l'inverse,

Savoir que ces caractéristiques comportementales ne sont que le résultat du formatage par le milieu (social, économique, culturel) dans lequel nous baignons, et qu'elles ne sont donc pas définitivement inscrites dans la nature humaine, permet d'espérer qu'un changement de l'ordre des choses est possible.

Si le cerveau est malléable et formatable dans un sens, il l'est aussi dans l'autre sens... si on inverse les influences! C'est parce que nous sommes persuadés de cela que nous militons pour favoriser, au maximum, la prise de conscience afin de commencer à remplacer le processus d'abêtisation par un processus d'émancipation et de libération.

 

Pour aller plus loin: La pensée et la conscience

Bibliographie: HUMANITE Une histoire optimiste - par Rutger Bregman - Seuil 2020

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