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Changer la société

 

Grèves, manifestations et contre pouvoirs

 

Résumé

Les grèves et les manifestations classiques, destinées à montrer les désaccords du peuple avec ses dirigeants, sont dépassées et n'ont plus qu'une efficacité très amoindrie.
De nouveaux modes d'expression doivent être trouvés pour la mise en place de véritables contre pouvoirs
.

 

1- Le droit de grève et de manifester
2- Pourquoi changer de méthodes ?
3- De nouveaux moyens d'action
4- La manifestation la plus efficace


1- Le droit de grève

 

Origines du droit de grève

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le droit de grève n'a pas été un acquis de la Révolution de 1789. Pour preuve, la loi Le Chapelier du 14 juin 1791 instaurait le délit de coalition et interdisait la formation de tout groupement ou rassemblement professionnel.

La loi du 22 Germinal an XI (12 avril1803) réaffirmera l’interdiction des rassemblements d’ouvriers et donc l’illégalité des syndicats. Elle fera aussi de la grève un délit.

Ce délit sera abrogé le 24 mai 1864 par la loi Ollivier sous Napoléon III.

Ce n'est qu'en 1884 que la loi Waldeck-Rousseau autorisera les syndicats en France.

La loi du 4 octobre 1941 votée par le régime de Vichy interdira la grève et posera le principe des syndicats uniques et obligatoires.

Le droit de grève ne sera véritablement reconnu que le 27 octobre 1946. Il sera alors inscrit dans le préambule de la Constitution :

  • alinéa 6: Tout homme peut défendre ses droits et ses intérêts par l'action syndicale et adhérer au syndicat de son choix.
  • alinéa 7: Le droit de grève s'exerce dans le cadre des lois qui le réglementent.

Le 16 décembre 1966 l'Assemblée générale des Nations unies adopte le principe de liberté d'association, droit à la syndicalisation et droit de grève (art. 8 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels).

Le 7 décembre 2000 le droit de grève est inscrit à l’article 28 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne.

 

Le droit de grève aujourd'hui

Pour être licite et pour que le gréviste soit protégé, une grève doit remplir certaines conditions :

  • Le mouvement de grève doit être collectif et concerté: à partir de deux personnes dans une entreprise quand cette dernière est seule concernée, ou à partir d'une personne dans le cadre d'un mouvement dépassant la seule entreprise.
  • Le salarié en grève doit cesser totalement le travail.
  • Des revendications d'ordre professionnel doivent être posées, par exemple l'amélioration des conditions de travail ou du salaire.
  • La grève n'a pas de durée légale — elle peut se tenir sur moins d'une journée comme sur plusieurs mois.
  • Le salarié n'a pas à être syndiqué pour faire usage de son droit de grève.

Depuis quelques années, de nouvelles catégories de non-salariés ont également recours à des grèves un peu particulières: médecins, routiers, buralistes, étudiants, avocats, chauffeurs de taxis…
Dans ce cas, le conflit oppose les grévistes directement à l'état ou au législateur puisqu'ils n'ont pas à proprement parler d'employeur.

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2. Pourquoi changer de méthodes

 

Grèves et manifestations classiques ne paient plus

Les salariés ne croient plus que les syndicats soient un bon moyen d'améliorer leurs conditions de travail ni leurs rémunérations. La société de consommation, l'engagement dans des crédits immobiliers... amènent les individus vers un comportement égocentré. "Si je perds mon boulot, je perds aussi ma maison et le confort dans lequel j'ai commencé à m'installer..."

Faire grève c'est montrer ses opinions et donc prendre des risques pour la continuité de son travail.

Le taux important de chômage rajoute au besoin de préserver son emploi.

Dans ce contexte il n'y a plus que les fonctionnaires, dont l'emploi est encore garanti (pour combien de temps?), qui peuvent se permettre d'exprimer leurs revendications.

 

La grève longue n'est suivie que par une minorité

Les grèves, même si elles sont fortement suivies en début de conflit, s'étiolent rapidement pour les raisons évoquées plus haut. Les moins motivés comptent sur l'action des plus durs et se disent que "s'ils obtiennent quelque chose on en bénéficiera aussi".

Lorsque les conflits opposent la population à l'état, ce dernier se comporte comme les patrons face à leurs salariés:

  • L'Etat mise toujours sur le pourrissement,
  • L'Etat utilise les médias à sa solde pour désinformer (focalisation sur des incidents mineurs non représentatifs), pour mentir (par exemple sur les chiffres de participation) et pour espérer retourner l'opinion,
  • L'Etat utilise des moyens de répression de plus en plus féroces pour limiter le droit d'expression et le droit de manifestation.

 

L'opinion ne suit pas lorsqu'elle est impactée

La grève dans les transports (SNCF, RATP, Air France...) finit toujours par irriter au début, puis révolter les usagers qui mettent en avant leur droit de travailler, ou simplement leur droit d'aller et venir. On est toujours dans les raisons égocentrées évoquées plus haut.

De même, le blocage des ports pétroliers entraîne l'assèchement des pompes à carburant et impacte la population tributaire de la voiture pour aller au boulot. Cette action aura donc, elle aussi, un effet négatif sur l'opinion publique.

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3. Quelles nouvelles façons de manifester ?

Pour qu'une revendication débouche positivement, il faut dorénavant et dans tous les cas, réussir à établir un rapport de force gagnant. Pour cela il faut trouver les moyens d'impacter l'économie... mais en préservant l'opinion.

 

Quelques règles générales

Non violence: La violence est contre productive. Rappelons nous les black-blocks dans les manifestations des Gilets Jaunes. Les médias ne parlent que de cela, en boucle, et le sujet de fond, bien qu'essentiel, est passé sous silence.

Actions spectaculaires et inédites: Pour qu'elles soient reprises par les médias il faut qu'elles soient originales. Il faut qu'elles fassent le spectacle puisqu'il n'y a que cela qui intéresse les médias.

Effet de surprise: Une manif réussie doit être bien préparée mais ne doit pas être ébruitée trop tôt. L'effet de surprise est un autre atout pour une reprise médiatique. Donc attention à l'utilisation des réseaux sociaux: Ils doivent servir à diffuser l'info et à multiplier les participants... mais il faut préserver certains secrets comme la date et/ou les lieux exacts.

Les actions doivent viser à gagner le soutien de l'opinion publique. Pour cela les manifestations doivent gêner la cible (le patron ou l'état, suivant le cas) mais pas les concitoyens. Ou en tout cas le moins possible. L'exemple des gilets jaunes est très instructif à cet égard: L'occupation des ronds-points a été très largement soutenue par la population parce que cette action a rétabli le dialogue - et de la fraternité - entre des gens qui, avant les événements ne se connaissaient pas et/ou ne communiquaient pas entre eux.

 

Avant de manifester

Pour se prémunir de tout incident avec les forces (dites) de l'ordre il faut faire une
Déclaration préalable:

Le droit international rappelle que le droit de manifester ne devrait pas être soumis à autorisation préalable car devoir demander une autorisation pour manifester ses opinions a un effet dissuasif trop fort et limite donc l’exercice de cette liberté fondamentale.

Pourtant en France, toute manifestation nécessite une déclaration en mairie (ou à la préfecture de police, pour Paris), dans un délai compris entre 15 jours et 48 heures avant la manifestation. Les organisateurs doivent donner leurs noms, adresses, l’objectif, la date, le lieu, et le parcours de la manifestation.

Plus d'infos ici: Amnesty international

 

La désobéissance civile

L'exemple de Greta Thunberg:

 

Les opérations de gratuité

peuvent s'appliquer:

  • Aux péages des autoroutes, SNCF, RATP,...
  • Aux tarifs EDF que les salariés peuvent faire basculer en heures creuses.

Autres actions

Actions type extinction rebellion


Extinction-Rébellion et Greenpeace forment un cortège géant pour le climat.
Le cercle représente la Terre. Au milieu un sablier représente le temps qui est compté pour de nombreuses espèces... dont l'homme lui-même.

 

Perturber les cérémonies officielles


A Caen le 8 janvier 2020 les avocats jettent leur robe devant la ministre Belloubet

 

Perturber la circulation automobile en circulant groupés à vélo.

Opérations escargot

Barrages filtrants


Pétitions

La pétition a tendance à devenir le mode d'expression que les Français préfèrent à l'expression par les urnes électorales. Mais servent-elles à faire avancer les choses?

La pétition sert avant tout de soupape à ceux qui la signent. Ouvrir la soupape c'est faire baisser la pression: On se sent soulagé d'avoir participé à une action qui va dans le sens de notre pensée.

Mais pour qu'une pétition soit prise en compte il faut qu'elle soit massive et médiatisée. La pétition n'a de véritable effet que si elle est autre chose qu'un exutoire pour se donner bonne conscience.

Le boycott

Le boycott est un phénomène de protestation, un refus systématique de consommer les produits ou services d’une entreprise ou d’une nation.

Il peut s’agir d’un boycott d’élections ou d’événements de propagande organisés par le pouvoir.

Pour être efficace il doit être massif et durable.

La grève générale

La grève générale est souvent le stade ultime des possibilités d'expression, lorsque la prise de conscience des enjeux du conflit s'étend et dépasse un seuil critique au-delà duquel la lutte se généralise à la grande majorité de la population.

Exemple: Mai 68

Grève des urnes et blocage du système électoral

Cette action a toutes les qualités requises pour être efficace et aucun inconvénient:

  • Elle est légale: voter est un droit; refuser de voter aussi!
  • Elle est citoyennne,
  • Elle ne nuit qu'à la cible: les politiques,
  • Elle est efficace.
  • Elle répond au mépris du gouvernement (1) et des politiques en général.

(1) Par une circulaire de janvier 2020, le ministre de l'intérieur Castaner traficote l'expression politique des élections municipales. Avec ce traficotage, le gouvernement veut empêcher la vraie couleur politique des résultats de s'exprimer dans les communes de moins de 9 000 habitants. Ceci pour estomper l'image de la faiblesse attendue des scores du parti présidentiel LREM.

Or, ces communes représentent 96% des communes en France et 50% de la population nationale. Ainsi, le vote d'un Français sur deux ne comptera que pour du beurre!!!! Le message du gouvernement est: "Vous pouvez dire ce que vous voulez... on n'en tiendra aucun compte!"

Alors, Pourquoi aller voter ?

Le blocage du système électoral est un moyen super efficace pour enlever aux politiques leur fausse légitimité. Les abstentionnistes constituent déjà le plus important groupe de citoyens. Il faut maintenant que l'abstention soit reconnue comme un acte politique de refus des "têtes politiques" qui nous sont imposées.

Le pouvoir politique actuel tire son apparente légitimité de ces élections. Tout président de la République, comme tout parlementaire, fait valoir au lendemain des élections qu'il a été élu par une majorité de Français. C'est faux! Le chapitre sur les élections nous montre le contraire.

La première chose à faire est donc de bloquer cette supercherie que les dominants appellent démocratie: il faut bloquer la machine électorale. Et le seul moyen d'y parvenir pacifiquement c'est l'abstention massive qui démontrera la non légitimité des élus.

Il ne s'agit pas d'aller à la pêche le jour des élections.
Il s'agit de bloquer le système qui produit nos exploiteurs!

Plus d'infos ici sur la grève des urnes

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