Dès le début des années 2000, les bobos ont commencé à se regrouper en communautés urbaines - sortes de tribus modernes - en réinvestissant les quartiers populaires, moins chers et plus conformes à leurs aspirations. Ils s'installent souvent dans des "surfaces atypiques": anciennes boutiques, usines désaffectées... Les bobos ne forment pas une classe sociale, puisqu'ils n'ont pas d’intérêt économique commun. Ils partagent un mode de vie et un ensemble de valeurs que d'aucuns qualifient de "bien-pensance".
Le bobo est un individu plutôt diplômé qui doit sa réussite sociale à ses études plutôt qu'à l'héritage de son milieu. Le bobo se distingue, à la fois, du beauf et du bourgeois "mainstream". Il profite des opportunités culturelles et il est censé voter plutôt à gauche. Le bobo est issu de la bourgeoisie... mais il manifeste certaines formes de rupture avec ses origines. Il a des revenus confortables (sans pour autant être faramineux) qui lui évitent de connaître les difficultés du peuple. Certains sont aisés et d'autres snobent les premiers. Professionnellement les bobos sont: artistes, enseignants, journalistes, architectes, graphistes, médecins, avocats, politiciens...
Selon un sondage réalisé en 2013 par YouGov pour Slate (voir ci-dessous), l'opinion publique classe comme bobos: Parmi les politiques: Jack Lang, Bertrand Delanoë, Nathalie Kosciusko-Morizet, Rachida Dati, Ségolène Royal, Bernard Kouchner, Roselyne Bachelot, Dominique Strauss-Kahn... Parmi les non-politiques: Bernard Henri-Levy, Thierry Ardisson, Yannick Noah, André Manoukian, Jane Birkin, Jamel, Florent Pagny, Claire Chazal, Catherine Deneuve, Houellebecq...
Pour ne pas tomber dans l'hypocrisie de la bourgeoisie traditionnelle, il devient urgent pour le bobo de casser les codes. Les bobos cherchent à se montrer moins attachés à la possession, au patrimoine, à l’épargne, à l’accumulation du capital et aux valeurs traditionnelles. Ils mettent l'accent sur l'authenticité... héritage direct des idées de mai 68. Ce point n'est cependant pas partagé par le sociologue Bernard Lahire qui assimile les bobos à "une fraction de la classe dominante", estimant que "les bohêmes sont souvent des enfants de bourgeois, qui possèdent les moyens culturels liés à leur éducation". Bourdieu, pour sa part, estime que les "tribus" de bobos utilisent les nouvelles technologies, pratiquent le yoga, le végétarisme... comme stratégies pour se distinguer de la bourgeoisie classique. Jacques Ellul avait déjà perçu que la bourgeoisie de la fin du 20ème siècle avait amorcé une inévitable mutation sociale destinée à faire croire à sa disparition derrière une nouvelle allure qui prendrait des formes de "tribalisation". En d'autres termes, le bobo est un petit bourgeois snob qui essaie de masquer l'étiquette de sa marque.
Le bobo...
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