La société que nous vivons
Le système économique français
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Notre système économique est fondé sur une société
de consommation
L’économie est l'activité humaine qui consiste à produire, distribuer, échanger et consommer des biens et des services. L'économie est dite libérale parce qu'elle est caractérisée par la propriété privée des moyens de production. La terre, les mines, les usines, les entreprises, les banques... n'appartiennent pas à l'Etat, mais plus généralement à des individus isolés ou organisés en sociétés. Les moyens de production sont transmissibles, notamment par héritage. Dans ces entreprises, les patrons sont détenteurs des capitaux et les travailleurs fournissent leur force de travail rémunérée par un salaire. Le but de l'entrepreneur est de réaliser des profits. Le libéralisme économique se traduit par une libre concurrence à tous les niveaux:
Interrogez l'homme de la rue pour savoir comment il se situe ou comment il se sent vivre dans la société: Il ne va pas commencer par vous parler de politique ni d'organisation sociale; il va plutôt vous parler de la société de consommation, de ce qu'il voudrait acheter, de ce qu'il ne peut pas, de sa voiture, de sa télé, de son habillement, de sa maison. Pour une grande partie des gens, la société c'est d'abord la société de consommation. La consommation n'était à l'origine qu'un moyen de satisfaire les besoins primaires: se nourrir, se vêtir, se loger, se soigner. Elle est devenue le symbole phare d'une façon de vivre. Mieux ! (ou pire suivant le point de vue) elle est devenue le centre et l'assise du modèle de société que nous nommons démocratie. Les produits que nous consommons ne sont plus des produits de première nécessité. Ils sont devenus des produits de confort, puis des produits de luxe, des produits sans cesse démodés par leurs remplaçants. Henri Ford a été à l'origine d'un système de production qui a permis une nouvelle organisation du travail: le travail à la chaine, fondée sur le taylorisme: le découpage des tâches en tâches élémentaires, chacune étant réalisable sans connaissance du processus de la production globale, permettant d'augmenter l'efficacité et la productivité. Ce procédé a permis la production d'automobiles en masse à l'instar de la Ford T qui a inondé le marché américain. Mieux encore: même les objets, les appareils ménagers, les ordinateurs sont programmés pour devenir obsolètes, ou bien pour tomber en panne au bout d'une durée déterminée. Qu'il s'agisse d'ampoules électriques, de bas nylons, d'imprimantes,… les fabricants conçoivent leurs produits en incluant des défaillances voulues pour encourager les consommateurs à les remplacer plutôt qu'à les réparer.
Fin 2017, la firme Apple est épinglée pour avoir introduit dans les anciens modèles d'iphones en service, via le téléchargement des mises à jour, un codage qui permet de ralentir leur fonctionnement. Sous couvert de protéger ainsi les batteries, ce ralentissement est destiné à faire acheter le nouveau modèle présenté comme beaucoup plus rapide et performant que les modèles anciens. En
savoir plus sur l'obsolescence programmée
Commençons par quelques exemples:
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La société de consommation se clive en deux catégories : ceux qui consomment (M. Toulemonde) et ceux qui tirent profit du système c'est-à-dire une minorité (M. Crésus). M. Crésus est puissant car il possède le capital nécessaire pour faire tourner le système; il possède le savoir et les moyens de continuer à savoir toujours plus et plus vite que M. Toulemonde. Malgré la possibilité qu'a M. Toulemonde de s'informer, notamment via internet, il n'a pas la "surface financière" suffisante pour devenir un M. Crésus. Il est vrai que quelques uns y arrivent… Mais il faut dire que tout ça parait un peu trop compliqué à M. Toulemonde qui préfère se contenter de jouir de la possibilité de consommer.
Et bien souvent il consomme ne serait-ce que pour satisfaire son ego en montrant ses nouvelles acquisitions à son voisin et à ses proches.
Jusqu'à la moitié du XXème siècle le prix des produits était lié à leur abondance ou à leur rareté. Lorsque le produit est rare, la demande dépasse l'offre et le prix augmente. En cas de surproduction c'est l'inverse: l'offre supérieure à la demande fait chuter le prix. Mais aujourd'hui, cette loi naturelle est modifiée par les techniques de marketing que l'on pourrait qualifier de "vente à tout prix"! Prenons
l'exemple du beurre. Son prix, en France, était déterminé
comme ailleurs dans le monde par la loi de l'offre et de la demande.
La politique agricole commune (PAC) de l'Europe est intervenue périodiquement
pour "réguler" le marché, notamment par l'institution
de quotas laitiers, puis par leur suppression... On retrouve cet exemple du beurre dans tous les domaines de la distribution. L'achat de biens de consommation, qui était le principe de cette société, en est devenu la finalité. De nécessaires et rares, les produits sont progressivement devenus surabondants. Et M. Crésus s'est mis à dépenser des montagnes d'euros en marketing pour faire adopter ses produits de force. Pour cela il invente des stratagèmes pour faire croire à l'indispensabilité de ses nouveaux produits. Il crée des produits superflus et, grace au marketing, arrive à les rendre indispensables. Ainsi, l'objet consommable tend à devenir l'objet jetable. Il ne faut plus produire des objets résistants et durables car cela augmenterait leur coût et surtout leur durée de vie, ce qui nuirait à leur renouvellement et finalement au principe même de la consommation. Pour faire des profits il faut rendre les produits rapidement obsolètes et les remplacer par des nouveaux, aux caractéristiques parfois meilleures mais surtout différentes, plus à la mode afin d'inciter au nouvel achat. Il faut accélérer le "turn over" pour maintenir la pression et le profit. Cependant des voix commencent à s'élever pour dénoncer cette société de consommation uniquement préoccupée par le profit. Récemment les partisans de la "Décroissance" ont emboîté le pas des altermondialistes et de certains écologistes.
Les autoroutes ont été construites avec des finances publiques; donc avec l'argent des contribuables. Puis l'Etat les a bradées à des sociétés privées qui continuent à exploiter, via les péages, les mêmes contribuables. Alors même que ces péages auraient rempli les caisses de l'Etat pour assurer le financement d'autres services publics comme les hôpitaux, les écoles, la recherche... La production et la distribution de l'électricité étaient assurés par l'entreprise publique EDF. Production et réseau ont été financés par de l'argent public. En 2004 l'Etat a privatisé EDF et ouvert la distribution à des sociétés privées. Depuis cette date, les bénéfices de la vente d’électricité reviennent au secteur privé alors que les pertes du démantèlement des centrales nucléaires, de la gestion des déchets radioactifs pendant des millénaires reviennent à l’Etat, donc aux citoyens. Précisons que ce sont ces mêmes contribuables français qui ont déjà financé un investissement de 275 milliards d’euros depuis 1974 pour construire le parc de centrales nucléaires actuel. En 2019, les tarifs de l'électricité réglementés par l'Etat font un bond de +6%. Or, selon les experts, seule la moitié de cette augmentation est justifée. L'autre moitié est une augmentation artificielle "au nom de la liberté de la concurrence"!!! Les sociétés privées qui se sont mises à distribuer de l'électricité ne s'en sortent pas et ne dégagent pas assez de profit. Pour leur venir en aide l'Etat augmente artificiellement le tarif réglementé. Autrement dit, l'Etat favorise la recherche du profit par ces entreprises privées... en taxant le citoyen français!!!
Lorsque l'on essaie de faire comprendre à M. Toulemonde qu'il est sous influence et que, de l'extérieur, il est possible de le manipuler, y compris pour commettre des actes qui vont à l'encontre de sa propre morale, il montre beaucoup de scepticisme et pense qu'il s'agit là d'affabulation. Pourtant l'expérience de Milgram montre que la manipulation mentale est une réalité et que cette réalité peut même être atterrante. Cette
expérience est en fait une série d'expériences de psychologie réalisées
entre 1960 et 1963 par l'américain Stanley Milgram. Ce psychologue cherchait
à évaluer le degré d'obéissance d'un individu, placé devant une
autorité qu'il juge légitime, en analysant le processus de soumission
à la dite autorité, notamment quand ces actions posent des problèmes
de conscience au sujet.
La publicité s'adresse d'abord aux jeunes parce que les publicistes ont compris que nous ne naissons pas consommateurs, nous le devenons. Ils savent aussi que les enfants sont de formidables prescripteurs pour leurs parents. Conscients des méfaits de la publicité sur les enfants, plusieurs pays comme le Royaume-Uni, la Suède, la Belgique ou l’Irlande l’ont déjà interdite ou limitée dans les programmes jeunesse.
La publicité utilise les ressorts de l'inconscient: désirs, érotisme, stéréotypes. Question: Pourquoi les marchands ont-ils besoin du sexe pour vendre leurs produits? Réponse 1: Parce que la société de consommation est à saturation et que le produit en lui-même ne suffit plus à déclencher l'acte d'achat. Il faut donc trouver un autre déclencheur.... Réponse 2: Le sexe est le plus grand instinct de l'homme, sans doute à égalité avec l'instinct de survie... Au 21ème siècle les femmes "objets sexuels" se rebiffent (Reportage Franceinfo du 17.08.2019). L'autre question qui se pose alors: Pourquoi acceptent-elles ce genre de job?
La publicité pousse à consommer toujours plus
Lorsque
nous surfons sur internet TOUS les détails de notre comportement
sont scrutés à la loupe, analysés, stockés
et utilisés. Comment? Grâce à des programmes espions
que les informaticiens appellent "algorithmes". Tous les détails,
vraiment? Oui: La façon dont nous sommes arrivés sur la
page analysée, le type de notre appareil (ordi, tablette, smartphone),
le système d'exploitation (Windows, Mac, Safari,...), le temps
que nous passons sur la page, les éléments que survole
notre souris, les objets qui ont retenu plus ou moins longtemps notre
attention, les liens sur lesquels nous cliquons pour développer,
la page sur laquelle nous allons en quittant, etc, etc... Toutes ces
données sont ensuite compilées (= comparées aux
données en stock) pour définir mathématiquement
notre profil de consommateur, prévoir notre comportement futur
et surtout nous présenter les produits de la façon la
plus attractive possible. Les données sont stockées dans
des cookies et seront réutilisées lorsque nous reviendrons
sur la page grâce à la collecte de notre identité
(= l'adresse IP de notre appareil).
Bien entendu, pour arriver à cette fin, la société donne à l'homme-mouton un certain pouvoir d'achat. S'il n'a pas ce pouvoir d'achat par son travail (salaire), on le lui donnera sous les formes multiples de l'aide sociale financée par des prélèvements sur les revenus de ses congénères dotés, eux, d'un contrat de travail plus rémunérateur. C'est une sorte de péréquation entre ceux qui ont du travail, donc un pouvoir d'achat, et ceux qui n'en ont pas, (ou qui ne veulent pas en avoir), sachant que de toutes façons on leur donnera le pouvoir d'acheter. Ce qui compte n'est pas le pouvoir d'achat, compris au sens de richesse possédée, mais le pouvoir de consommer; donc le pouvoir de faire en sorte que la machine continue de tourner et de générer des profits aux dirigeants cités plus haut. Depuis quelques années un débat est d'ailleurs lancé afin de préparer l'idée d'un revenu minimum garanti, sans aucune condition préalable. Le but annoncé d'un tel revenu est de redonner de la dignité à la population marginalisée et paupérisée. Cette idée est louable sous un certain nombre de conditions. Mais, dans le cadre de notre société actuelle, le véritable but est de donner à cette population l'accès à une plus grande consommation. Un tel revenu minimum inconditionnel est déjà en expérimentation notamment au Canada, en Inde ou en Namibie.
Le libéralisme économique conduit à l'élimination inexorable des entreprises les moins performantes ou qui ont une "surface économique" insuffisante. Le corollaire en est la concentration du pouvoir économique aux mains de quelques oligopoles, voir monopoles, et par voie de conséquence la perte d'emploi pour de nombreux travailleurs. Ces derniers ne sont pour rien dans ces jeux de concentration dénués de tout état d'âme qui ne visent que l'acquisition d'une place dominante sur le marché. Mais ils en sont les victimes. Si nous mettons en parallèle le libéralisme économique aboutissant à des "jeux de massacres sociaux" et les politiques sociales du gouvernement visant à panser, par diverses allocations "compensatrices", les plaies produites, nous sommes en droit de nous demander où se situe le véritable pouvoir! Est-il aux mains de l'Etat ou dans celles de l'Economie? D'ailleurs nous voyons apparaître depuis peu dans le discours du patronat le terme de "Gouvernance", terme vu (et insidieusement énoncé) comme une résistance, voir une opposition au terme de "Gouvernement". Il procède d'une remise en cause du rôle de l'Etat et du pouvoir même de l'exécutif par des techniques de lobbying; une remise en cause de la légitimité même de l'Etat au profit de l'intégration des ambitions économiques dans les orientations politiques et l'exercice du pouvoir.
La croissance est l'augmentation, constante et stable dans le temps, des richesses produites à l'intérieur d'un pays. La plupart du temps cette croissance est seulement une donnée économique mesurée par l'augmentation du PIB (produit intérieur brut). Elle ne prend pas en compte l'accroissement (éventuel) de la satisfaction de la population qui utilise cette production. C'est une donnée purement technique. Or, la croissance dépend de plusieurs paramètres dont les principaux sont:
Les limites Il est clair, du moins pour une large majorité de scientifiques, que les matières premières ne sont pas inépuisables. De même l'accroissement de la population mondiale ne peut pas être infini, pour une simple question d'espace d'une part, de nourriture et de santé d'autre part. On parle aujourd'hui de besoins essentiels et de besoins artificiels. On parle de commerce équitable. On parle autant de décroissance que de croissance. Les questions d'environnement, de bien être humain, et même depuis peu de bien-être animal, entrent, parfois avec fracas dans le discours politique et dans le débat public (cf l'annonce par le président Trump du retrait des USA de la conférence de Paris sur le climat). Il est temps de s'arrêter et de réfléchir aux limites de la croissance. Il est temps de se rendre compte que le système économique ne peut plus continuer à se fonder sur une croissance infinie. Il est urgent de préparer un avenir meilleur pour nos enfants. Il est urgent de réfléchir à un "changement de bocal". Image de sport ou de commerce? Changer
le système économique
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