Changer de bocal pour
Changer la société

Civisme, incivisme et

comportements sociaux

La conscience civique s'est noyée dans la société de Consommation

 



Des exemples d'incivisme... à la pelle
Civisme et cohésion sociale
Civisme et éducation
La perte du sens civique
Civisme et élections
Comment retrouver le sens civique?

Exemples d'incivisme:

  • Les feux de forêts sont souvent la conséquence d'une cigarette non éteinte ou d'un geste malveillant.
  • Laisser son chien aboyer des heures, ou le laisser pisser ou déféquer dans la rue ou chez autrui c'est montrer qu'autrui ne compte plus.
  • Faire des graffitis sur les façades, dans les bus, le métro... c'est dégrader le bien commun.
  • En voiture: se garer à cheval sur deux places, sur les passages pour piétons, griller la priorité, c'est faire preuve d'égoïsme.
  • Ne pas respecter sa place dans une file d'attente c'est mépriser son prochain.
  • Jeter ses mégots de cigarettes, des plastiques, des bouteilles... dans la rue, les jardins publics, sur le bord des routes, sur la plage c'est de l'inconscience et de l'irresponsabilité.
  • Les décharges sauvages témoignent du crétinisme de leurs auteurs.
  • L'insolence d'élèves à l’encontre de leurs professeurs est le signe d'une éducation défectueuse en matière de valeurs.
  • Bref..........

Dresser une liste exhaustive deviendrait vite fastidieuse !

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Société et cohésion sociale

Les primates sont des animaux sociaux. L'Homme, comme ses ancêtres primates, vit en groupe depuis des millions d'années: groupes nomades de chasseurs cueilleurs, puis groupes sédentaires organisés en villages depuis le néolithique 10.000 ans avant notre ère. .

Un groupe ne peut perdurer que par la cohésion des individus qui le composent. Le maintien de la cohésion nécessite l'existence et le respect de règles communes. Le civisme n'est autre que la prise de conscience du bien fondé de ces règles et leur application naturelle.

Cependant, le civisme n'étant pas la vertu la plus universellement partagée, au fur et à mesure de l'accroissement de la taille d'un groupe, l'application naturelle de règles communes devient difficile. L'instauration d'une autorité devient alors nécessaire pour les faire respecter.

Dans nos sociétés modernes, les règles sont codifiées dans les lois et les règlements. Police et justice sont chargées de les faire respecter pour maintenir la cohésion sociale.

 

Cohésion sociale:

Selon une étude du CREDOC en 2011

Pour 41% de la population, le socle du "vivre ensemble", autrement dit la condition la plus indispensable à la cohésion sociale, est le respect mutuel entre citoyens.

A l'inverse, l’individualisme est cité comme le premier facteur fragilisant (31%), loin devant les discriminations (15%), le chômage (13%) et la pauvreté (12%).

Et, au total, l’image d’une société égoïste et repliée sur elle-même semble l’emporter puisque 83% de la population déplorent la faiblesse de la cohésion sociale.

Un sentiment d’injustice sociale très ancré: Seuls 38% de nos concitoyens pensent que la société française offre à chacun la place qu’il mérite vraiment.

Les inégalités de revenu vont en se creusant: 86% considèrent que "les plus favorisés sont de plus en plus favorisés et les défavorisés sont de plus en plus défavorisés".

L’impression d’injustice sociale trouve un écho dans de nombreux domaines: par exemple, 75% sont convaincus qu’il existe en France une médecine à deux vitesses, où l’on est mieux soigné lorsqu’on dispose d’argent ou de relations (une perception en constante progression depuis trente ans: +16 points depuis 1979).

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L'acquisition du civisme

Elle se fait essentiellement par l'éducation, mais aussi par mimétisme et par retour d'expérience.

Ce que l'éducation civique devrait être
L'éducation devrait être l'apprentissage de la liberté, celle-là même qui s'arrête là où celle des autres commence. Car être libre ce n'est pas faire n'importe quoi; la liberté a ses limites. La prise de conscience de ces limites participe à la construction du civisme qui passe ainsi par 4 phases successives:

  • prise de connaissance de la règle sociale,
  • prise de conscience des enjeux de la règle,
  • adhésion à la règle,
  • application.

L'interdit et la coercition ne sont pas de bonnes méthodes
L'interdit vient d'une puissance supérieure qui ne peut être contestée. La coercition - qui est l'obligation d'exécuter sous peine de punition - nie les phases de prise de conscience et d'adhésion pour passer immédiatement à l'application. De ce fait, il ne reste dans le cerveau que la notion négative d'obligation. Voilà pourquoi l'éducation est bien plus performante que la contrainte. Mais elle nécessite plus de temps pour être assimilée.

Si le citoyen était éduqué aux bonnes pratiques sociales, et habitué à prendre ses responsabilités plutôt qu'éduqué à éviter les contraintes et les verbalisations, il n'y aurait plus besoin de décrets d'interdiction.

Un exemple à suivre en la matière: Le Japon.

La principale règle du civisme est le respect
Le civisme est le rapport qu'entretiennent des individus responsables envers la société. Le civisme c'est d'abord du respect c'est-à-dire la prise en compte du bien commun autant que du bien personnel.

Le civisme nécessite une "conscience politique" (la chose publique). Le civisme présuppose pour le citoyen la connaissance de ses droits, la connaissance de leurs limites, ainsi que de ses devoirs vis-à-vis de la collectivité. Il devient plus facile de respecter les bâtiments publics, les services publics, les jardins publics,... si l'on a conscience que nous en avons financé une partie par nos impôts et que toute dégradation revient à se mutiler soi-même. C'est exactement le contraire de phrases malheureuses que l'on entend trop souvent: "c'est pas à nous... donc on peut..."

Outre le respect d'autrui et du bien public, il y a lieu d'ajouter quelques autres règles, dites de civilité telles que:

  • la politesse,
  • la courtoisie,
  • le savoir-vivre,
  • l'entraide
  • ....

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D'où vient la perte du sens civique?

La société de consommation maximise l'EGO

Les deux principaux "bras armés" de la société de consommation sont la publicité et les médias qui lui servent de vecteur. La société de consommation veut le profit maximum et immédiat. Pour obtenir l'acte d'achat la publicité utilise plusieurs leviers:

L'enfant est devenu la cible, non seulement des produits alimentaires, mais aussi des jeux et de toute la panoplie du matériel numérique qui est nécessaire pour y accéder. Or l'enfant est un cerveau en formation, malléable à souhait. C'est donc "un jeu d'enfant" (sic!) pour la télé et la pub d'y incruster des notions de propriété, d'égo, de domination... d'autant qu'on est entré dans l'ère de l'enfant roi: Il fascine ses parents par sa maîtrise des outils numériques (il est né avec) et obtient la satisfaction de la plupart de ses caprices "pour qu'il ne soit pas moqué par ses copains dans la cour de récréation".

Chez l'adulte la publicité exacerbe les instincts primaires comme le sexe, le sentiment de domination, d'être le plus fort ou le meilleur. Et lorsque les moyens financiers ne sont pas au rendez-vous pour les acquisitions valorisantes, on concentrera les efforts sur le paraître !

Chaque individu essaie de trouver ce qui va le distinguer du troupeau, par une performance, par une originalité, susceptible de concentrer les regards vers son ego. La société de consommation a ainsi réussi à métamorphoser les comportements sociaux de l'individu, par gonflage du "Je" au détriment du "Nous".

L'ère de la déresponsabilisation

Nous vivons désormais dans une société à "irresponsabilité illimitée" dans laquelle une grande majorité d’individus ont délégué à d’autres leurs responsabilités:

  • Je ne me préoccupe pas de ma vieillesse, ma caisse de retraite s'en charge.
  • Je n'hésite plus à changer de lunettes, je cotise à une bonne mutuelle.
  • Je n'ai plus besoin de gérer mes comptes, ma banque s'occupe de tout... et elle ne fait jamais d'erreur.
  • Je ne crains plus l'accident depuis que je suis bien assuré. Comme dit une certaine pub: "Zéro tracas, zéro blabla"! Je peux donc conduire en irresponsable.
  • Je ne "fais pas de politique"... j'ai voté pour que des pros le fassent pour moi.
Illustration: Si cela fait 10 ans que je n'ai pas eu d'accident de voiture c'est "parce que je suis un excellent conducteur!" Par contre, si je percute un véhicule par l'arrière, c'est "parce que cet abruti devant moi a freiné brusquement!" C'est le processus de victimisation: On s'attribue les choses positives qui nous arrivent, et on se dédouane pour les choses négatives.

Aujourd'hui tout passe par l'argent; tout s'achète et tout se vend. Autrefois le citoyen éliminait ses déchets, nettoyait son trottoir... Pour ne plus "s'en occuper" il s'en acquitte aujourd'hui par une taxe, une redevance ou ... une assurance. Il ne s'en sent plus responsable.

Les mauvais exemples donnés par les politiques représentant la nation

L'homme ou la femme politique doit faire preuve de civisme puisque, par définition, il ou elle se dévoue censément à la cause publique. Pourtant les exemples ne manquent pas de ceux d'entre eux qui

  • "oublient" de payer leurs impôts,
  • placent leur fortune dans des paradis fiscaux,
  • utilisent l'argent public ou le personnel de l'Etat pour leur affaires privées,
  • font de fausses déclarations ou présentent de fausses notes de frais...
  • ....

Et, d'une manière très générale, ceux qui font beaucoup de promesses qu'ils ne tiennent pas, ou prennent des décisions applicables à l'ensemble des Français, sauf à eux-mêmes.

Le citoyen n'accepte plus de subir des contraintes qui ne valent pas pour les élites, de surcroît donneuses de leçons. C'est l'une des raisons majeures du basculement de certains dans l'incivisme qui consiste en une sorte de vengeance. On le voit notamment au cours des diverses manifestations de rue. On le voit aussi par l'abstention croissante aux consultations électorales.

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Civisme et élections

On entend souvent le discours: "s'abstenir de voter est un manque de civisme".

1 - Le civisme n'est pas une attitude à un moment donné mais un état d'esprit permanent.

  • Certes, ceux qui ne s'intéressent jamais à la chose publique et qui vont à la pêche le jour des élections sont des gens qui manquent cruellement de sens civique, non parce qu'ils ne vont pas voter, mais parce qu'ils se moquent, toute leur vie durant, du système social dans lequel ils sont inclus, qu'ils subissent, et dont aussi pourtant ils bénéficient.
  • Mais on ne peut ni les confondre, ni les assimiler à ceux qui s'intéressent à la vie sociale, et qui s'y impliquent individuellement ou en participant à la vie associative, mais qui, pour autant, REFUSENT la façon dont le système électoral est utilisé pour faire croire que c'est cela la démocratie. Ceux-là refusent EN TOUTE CONSCIENCE, de participer à ce qu'ils considèrent comme une mascarade. Cette catégorie d'abstentionnistes, qui devient aujourd'hui largement majoritaire aux élections, est constituée de citoyens déçus, voire écoeurés, par la classe politique caractérisée par son propre incivisme et, pire, par la corruption.

2 - Les élections ne sont pas un devoir mais un droit.

La Déclaration des Droits de l'Homme consacre ce droit attribué à tous les hommes en 1884 et aux femmes en 1944. La Constitution garantit ce droit en son Article 3 ARTICLE 3. La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum.
Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice.
Le suffrage peut être direct ou indirect dans les conditions prévues par la Constitution.
Il est toujours universel, égal et secret.
Sont électeurs, dans les conditions déterminées par la loi, tous les nationaux français majeurs des deux sexes, jouissant de leurs droits civils et politiques.
.

Il ne constitue en aucun cas un devoir ainsi que le rappelle la Direction de l'Information Légale et Administrative "Vie Publique" en sa revue du 14 mai 2019:
"En France, le droit de vote est un droit et n’est pas, juridiquement, un devoir d’abord par principe. Si le vote est un droit, on peut, comme tout autre droit (ex : liberté de réunion ou d’association), ne pas l’exercer. Il pourrait sembler paradoxal de transformer un droit aussi essentiel en contrainte".

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Comment retrouver le sens civique?

La répression et les amendes ne suffisent pas.

Au contraire, elles incitent à la vengeance et aux actes inciviques... L'éducation civique ne doit pas se faire par la contrainte, ni par la culpabilisation:

Quand Gérard Darmanin explique qu’"aujourd’hui la meilleure prime qu’on peut donner aux soignants, c’est de respecter les gestes sanitaires, de ne pas faire la fête, de ne pas sortir, de ne pas encombrer inutilement la médecine de ville et les urgences", il fait reposer la responsabilité de l’état actuel des choses sur le dos des individus. Ce faisant, il occulte les causes politiques autrement plus importantes: suppression de 69.000 lits d’hôpital en moins en 15 ans, sous-financement de l’hôpital public, délocalisation des centres de productions d’équipements vitaux en temps de pandémie, incompétence du gouvernement, etc.

Le rétablissement de l'éducation civique à l'école, dès la maternelle, est sans aucun doute un bon début. Mais il faut aller plus loin.

Responsabiliser les jeunes en leur confiant des missions. Le but est de vivre la citoyenneté au concret.

  • Le ramassage des déchets sur le quartier permet de sensibiliser à l'écologie et de réduire, voire de supprimer les abandons de canettes et autres objets sur l'espace public.
  • Un projet d'embellissement du quartier, de la commune, peut se concrétiser par un jardin pépinière pour faire pousser des fleurs qui serviront à l'embellissement.
  • Etablir un service de visites aux personnes âgées, de transport ou d'aide aux courses sera de nature à développer les échanges intergénérations.

Ouvrir les conseils municipaux aux citoyens par la voie de consultations.
Ce type d'action peut s'avérer très positif pour l'engagement dans la gestion de la cité, à la condition expresse de tenir compte des propositions qui ont été élaborées.

Voir à ce sujet l'exemple du village de Vandoncourt dans le Doubs (25) dans une archive vidéo de l'INA.

C'est dans ce même esprit qu'ont été mis en place des conseils municipaux d'enfants ou de jeunes. Malheureusement, la plupart du temps les propositions faites restent sans application concrète, et donc déçoivent les enfants et n'incitent pas à continuer dans la voie du civisme.


Graeme Allwright

Qu'as-tu appris à l'école, mon fils
A l'école aujourd'hui?
Qu'as-tu appris à l'école, mon fils
A l'école aujourd'hui?

J'ai appris qu'il n'faut mentir jamais
Qu'il y a des bons et des mauvais
Que je suis libre comme tout le monde
Même si le maître parfois me gronde
C'est ça qu'on m'a dit à l'école, Papa
C'est ça qu'on m'a dit à l'école...

A voir aussi: la violence enseignée aux enfants.

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