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Changer la société


 

Les nouvelles formes de l'esclavage

 

 

Esclavage numérique:

On pourrait croire que l'esclavage est définitivement aux oubliettes. Pourtant le travail au noir continue d'exister, un travail qui ne se voit pas puisque les travailleurs sont... clandestins. Mais il y a pire: le travail invisible!

Le travail invisible est né avec l'avènement de l'ère numérique. On l'appelle aussi "travail au click"; il est exercé par des millions de personnes dans le monde et constitue un enjeu majeur de l’économie du 21ème siècle.

De quoi s'agit-il? Tout le monde a entendu parler de l'intelligence artificielle (I.A.). C'est ainsi que l'on nomme les codes informatiques (on dit aujourd'hui les algorithmes) qui sont intégrés dans des machines, des robots, des drones... afin de leur faire exécuter des tâches bien mieux et bien plus vite que ne le feraient des humains. On se souvient de l'une de ces premières machines, nommée "Deep Blue" et qui avait réussi, en mai 1997, à battre Gary Kasparov, le champion du monde des échecs.

Les concepteurs de ces machines (tel Elon Musk, le Pdg de Tesla) prétendent même que les robots surpasseront sans tarder l'intelligence humaine puisqu'ils seraient déjà capables d'auto-apprendre à exécuter leurs tâches.

Pour arriver à leurs fins, ces concepteurs (les grands groupes du web) ont besoin de main d'oeuvre, beaucoup de main d'oeuvre, afin d'apprendre à leurs robots comment remplacer l'humain. On pourrait croire que ces sociétés embauchent donc massivement. Hélas! elles n'embauchent pas! En réalité, ce sont des millions de "travailleurs au click" répartis sur l'ensemble du World Wide Web, qui sont payés une misère pour effectuer des tâches simples mais souvent ingrates, rébarbatives et répétitives depuis leur ordinateur: Ils nettoyent des bases de données, modèrent des contenus Facebook, évaluent des applications en ligne, classent des mots-clés, associent un texte à une image… et entraînent des robots à exécuter correctement leurs tâches.

Comment ça se passe?

Connectez-vous (à titre d'exemple mais il y en a d'autres) au site Click Worker et vous pourrez vous-mêmes devenir immédiatement un "travailleur au click". Le site vous explique comment et vous rassure: "Nous vous aidons avec nos solutions de micro-tâches et fournissons des milliers d'ensembles de données. Ces ensembles de données sont collectés, créés ou traités par notre groupe mondial de plus de 1,8 million de personnes qui travaillent au clic".

En devenant "travailleur au click" vous pourrez passer des heures à dire si oui ou non telle image correspond à une description donnée, ou à entourer un visage humain plus ou moins dissimulé dans une image complexe. Vous contribuerez ainsi à apprendre aux robots comment trier les images contenant un visage humain de celles qui n'en contiennent pas.

Chacune de ces micro-tâches sera rémunérée quelques "micro-dollar"... Vous serez travailleur indépendant. Vous travaillerez quand vous voulez, aussi longtemps que vous voulez... Vous aurez un statut apparenté à celui d'auto-entrepreneur, sans sécurité sociale, sans points de retraite.... sans droit aucun! Si d'aventure vous réclamiez autre chose que ce que "la plateforme" vous octroie unilatéralement, la dite "plateforme" vous remerciera pour votre période de "partenariat"!

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Voici quelques liens qui satisferont votre soif d'en savoir plus:

--> France 2: "Cash Investigation" du 24.09.2019. Au secours, mon patron est un algorithme !
--> Le 1 hebdo: Les petites mains invisibles du numérique
--> En attendant les robots. Antonio A. Casilli. Editions du Seui
--> Les travailleurs du clic, esclaves des temps modernes ?

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Prostitution et esclavage sexuel

Aboli en 1848 l'esclavage n'a pas, pour autant, disparu. Il a seulement changé de forme et est devenu plus discret en réduisant ses victimes au silence.

En l'an 2000 un rapport des Nations Unies estimait déjà que, chaque année dans le monde, plus d'un million de femmes ou de petites filles devenaient l'objet de commerce et d'esclavage sexuel.

Les trafiquants s'attaquent en priorité aux femmes pauvres et peu éduquées ce qui permet deux choses. D'une part leur manque d'éducation les rend plus dociles, ne connaissant pas leurs droits elles sont plus susceptibles d'obéir à des ordres que des femmes ayant reçu une solide éducation. D'autre part, plus les femmes sont pauvres, moins la société se soucie de leur sort.

En France:

Jean-Marc DROGUET, Chef de l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH) faisait les estimations suivantes en octobre 2015:

  • Il y a en France environ 30.000 personnes prostituées.
  • 85% sont des femmes.
  • 93% sont étrangères, principalement originaires de l'Europe de l'Est (Roumanie, Bulgarie), d'Afrique de l'ouest (Nigéria) et de Chine.

En 2016, une vingtaine d’associations comme la Cimade, la Croix Rouge ou encore l’Armée du Salut ont participé à une enquête. Elles ont recensé 1857 victimes. Parmi les formes d’exploitation, on trouve l'exploitation sexuelle (74%) , le travail non rémunéré, principalement dans le cadre domestique (15%), l’esclavage, la mendicité forcée ou même le prélèvement d’organes.
Les victimes viennent principalement du Nigéria, connu pour être un réseau très influent dans le domaine de la prostitution. Leurs recruteurs leur promettent monts et merveilles, organisent leur transfert vers la France et leur hébergement. L’enquête insiste sur l’emprise de leurs exploiteurs dont elles ne peuvent se défaire, par peur de représailles et compte tenu de leur situation irrégulière et précaire.

Question: Comment expliquer que des jeunes femmes, parfois mineures, puissent être contraintes de vendre leur corps dans le pays des Droits de l’Homme ? Pourquoi ce crime reste-il impuni ?

--> Les nouvelles esclaves des trottoirs

 

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Autres sujets à venir:

Esclavage des nouveaux migrants
--> "Esclavage" de migrants : un vaste réseau démantelé entre l'Espagne et la France

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