Changer de bocal

Changer de bocal
Changer la société

 


Présidentielle et parrainages:

Un candidat peut-il changer, de l'intérieur, un système quand il lui faut au préalable être parrainé par 500 représentants de ce même système ?

Autres réflexions ici


Edito

Par Anicet Le Marre
19.02.2022

Parrainages et démocratie

 

Historique:

Le principe du parrainage est apparu avec la Constitution de la V° République.

1958 Les candidats à l'élection présidentielle doivent être présentés par 50 membres du collège électoral. Ce nombre passe à 100 dès 1962.
1976
Le nombre de parrainages est porté à 500 et la liste des parrains est publiée au journal officiel.
2016 Fin de l'anonymat: les parrains envoient leur parrainage directement au Conseil constitutionnel qui les publie deux fois par semaine pendant la pré campagne.

 

Pour être candidat il faut d'abord être adoubé par le système:

Les parrains sont en effet les élus, représentants de l'Etat à différents échelons:

  • les députés et les sénateurs
  • les membres (élus français) du Parlement européen
  • les membres des conseils régionaux, départementaux et DOM-TOM.
  • les maires
  • les présidents des organes délibérants des métropoles, communautés urbaines, communautés d'agglomération et communautés de communes

Ces élus doivent être répartis sur au moins trente départements.

 

Le système du parrainage devient moyen de pression

Prenons le cas d'un maire qui a besoin pour sa commune de subventions venant de l'Etat ou de la Région, ce qui est le cas le plus général. Suivant la couleur politique de ces instances de décision, le maire risquera tout bonnement la censure de ses dossiers s'il donne son parrainage à un candidat "politiquement non aligné", puisque le parrainage est public.

Ce même maire, affichant ainsi une étiquette politique même si ce n'est pas son intention, risque aussi de devenir clivant pour une partie de ses administrés, alors même que, dans la plupart des cas, il a été élu sur des bases autres que purement politiques.

 

Bayrou au secours de la fausse démocratie

Sous couvert de venir en aide aux "petits" candidats, Bayrou, maire de Pau, a ouvert une "banque de parrainage" (qu'il dit démocratique mais qui n'a de démocratique que le nom) afin de voler au secours des candidats qui ont un score dans les sondages de plus de 10%.

Bayrou évalue ainsi la légitimité des candidatures sur la base des intentions de votes qu’elles reçoivent dans les sondages. Un critère totalement arbitraire et antidémocratique qui laisse en dernière instance à des instituts de sondages le soin de valider la légitimité des candidatures!

On peut ensuite se demander suivant quels critères aussi "démocratiques" que personnels!!! il compte distribuer lui-même ce stock de parrainages artificiels !

On peut ensuite se demander suivant quels critères aussi "démocratiques" que personnels!!! il compte distribuer lui-même ce stock de parrainages artificiels !

Supposons maintenant (en faisant beaucoup d'efforts) que ce stock puisse être politiquement neutre... Quel est alors l'intérêt du parrainage si un candidat déficitaire pouvait puiser dans une réserve neutre? Quand Bayrou argumente que c'est pour corriger le manque de démocratie, il admet donc ce manque de démocratie. Il faut alors non pas corriger le manque mais supprimer la cause c'est-à-dire le parrainage lui-même tel qu'il est pratiqué...

 

La démocratie doit appartenir à TOUS les citoyens

Certains prônent l'évolution du parrainage des élus en un parrainage mixant élus et citoyens. Ce serait déjà un grand progrès. Mais pourquoi ne pas aller au bout de la démarche: C'est aux citoyens de base de désigner, localement, leurs représentants. C'est ce qui est proposé et détaillé dans cet article: Un nouveau système électoral pour une nouvelle démocratie.

Ainsi, les candidatures issues d'un processus partant de la base ne peuvent être ni fantaisistes ni marginales. Par contre, elles peuvent être en dehors de la pensée "main-stream" dominante. Et en tout état de cause, le résultat serait de la démocratie pure.

 

L'exemple d'une démarche qui n'a pas d'équivalent connu à ce jour.

À Guémené-sur-Scorff (petite commune du Morbihan), le maire divers gauche René Le Moullec a invité aux urnes la population pour désigner le candidat qui bénéficiera de son parrainage. Une manière de "réintéresser les gens à la politique", et de répondre à la montée inquiétante de l'abstention.

Bel exercice de démocratie: Les votants pouvaient choisir parmi huit candidats sélectionnés par la mairie, qui avait cependant écarté les candidatures jugées moins sérieuses et les extrêmes, mais qui proposait néanmoins un neuvième bulletin, intitulé "autre", laissant ainsi la possibilité d'écrire un nom différent.

Les électeurs ont désigné le communiste Fabien Roussel.

L'élu se félicite d'avoir provoqué, en outre, une hausse des inscriptions sur les listes électorales après l'annonce de cette consultation.

 

Le témoignage d'un autre maire.

"Le parrainage fait partie des nombreuses lois déconnectées de la réalité."

"Aujourd'hui, pour avoir le droit de rentrer dans la course à la présidentielle, les candidats doivent réunir 500 signatures d'élus. Cela fait partie des nombreuses lois devenues obsolètes et déconnectées de la réalité et des besoins de notre système.

Même si je suis un jeune élu, maire de la commune de Marsais, 940 habitants, en Charente-Maritime, je me pose beaucoup de questions sur la Ve République et notre système démocratique, qui pendant cette période de pandémie a souvent été maltraité. Ce système de parrainage obsolète est une dure réalité pour les candidats, mais aussi et, surtout, pour nous, les maires de communes rurales sans étiquette.

Nous sommes la première strate politique, en contact avec la population, nous ne sommes pas cachés dans l'hémicycle. L'histoire d'orientation gauche ou droite ne répond plus à rien. 95 % d'entre nous ne donneront pas de parrainage de peur d'avoir une étiquette qui ne les représentera pas forcément, d'avoir des représailles ou de risquer une scission dans leur conseil municipal.
Notre gestion communale ne répond pas à un parti, mais réellement à un besoin de la population.

[...] Je vois qu'un président non-candidat (non déclaré bien sûr) possède déjà ses 500 signatures, alors que d'autres acteurs politiques de tout bord ayant une certaine assise politique courent encore après les signatures au lieu de nous exposer leur programme (qui pour moi devrait être le seul et vrai débat)…

J'invite pour cela mes collègues et amis élus à se poser la question du parrainage. Parrainer des candidats, même s'ils ne représentent pas votre idéologie, permet d'avoir un débat démocratique des idées. Je parle de laisser le débat possible pour le candidat, en aucun cas d'adhérer, ni de soutenir, mais simplement de pouvoir avoir un débat présidentiel varié et représentatif de la population".

Steve Gabet (Charente-Maritime)

La solution 100% démocratique est ici.