En
premier lieu, ne pas confondre anti vaccin et anti passe
Pour
l'heure, la vaccination anti covid a montré son efficacité
(sans pour autant, et à ce jour, faire la preuve de
son inocuité à long terme). La vaccination est
un acte thérapeutique
présentant un rapport bénéfice/risque
à priori positif.
Officiellement, la vaccination, fortement recommandée
par les autorités, n'est pas obligatoire. Il
convient donc de ne pas prendre une position anti-vax,
radicalement opposée à toute vaccination, et
de laisser ceux qui le souhaitent se faire librement vacciner.
Mais cette attitude de respect d'autrui a une contrepartie:
celle
de respecter
toute personne qui, à titre individuel, ne le souhaite
pas et qui, dans son comportement ne met pas la vie des autres
en danger.
Le
pass sanitaire est, quant à lui, une mesure
de police administrative. A ce titre il est donc avant
tout une mesure privative de liberté. En second lieu
il rend, de fait, la vaccination obligatoire alors
que, dans le discours politique elle ne l'est pas! C'est ce
qui rend son opportunité très discutable, contestable,
et à certains égards méprisable.
Les
deux choses n'ayant rien à voir, on peut donc être
anti-pass sans être anti-vax !
La
contagiosité du virus dépendrait-elle du lieu
?
C'est
une question que l'on se pose puisque le pass sanitaire, censé
réduire la nuisance du virus, est obligatoire pour
accéder
- aux
hôpitaux, maisons de retraites, établissements médicosociaux,
- aux
lieux de loisirs et de culture : spectacles, parcs d'attraction,
concerts, festivals,
- aux
séminaires, salons professionnels,
- aux
avions, trains et cars pour les longs trajets,
- aux
cafés, restaurants,
- aux
activités associatives...
Mais
pas pour accéder
- aux
écoles,
- aux
commerces et grandes surfaces,
- aux
bus municipaux, tramways, métros, TER et RER,
- aux
réunions des conseils municipaux ni aux réunions
publiques extramunicipales,
- aux
églises, mosquées et autres lieux de culte...
Ainsi,
une personne peut prendre le métro pour aller faire
ses courses au supermarché sans avoir à justifier
de sa situation sanitaire, mais devra présenter le
sésame, en soirée, pour être acceptée
au cinéma ou au restaurant.
Des
personnes civiles sont automatiquement investies du pouvoir
de police.
Par
application de l'article
2-3 du décret n° 2021-699 du 1er juin 2021, les responsables
des lieux, établissements et les organisateurs d'événements
ont obligation de vérifier la situation sanitaire des
particuliers clients. De nombreux responsables contestent
cette obligation (et souvent refusent) d'endosser ce rôle
de police et la responsabilité qui y est liée.

Discrimination
et marginalisation:
Selon
Serge Slama, professeur de droit public à l'Université Grenoble-Alpes
et spécialiste des droits fondamentaux "Il est établi
qu’on se vaccine moins dans certains territoires français,
dans certaines banlieues ou dans certaines catégories de la
population plus défavorisées. Donc il y a un risque de marginalisation
d’une partie de la population qui se retrouverait privée d’activités
collectives du quotidien. Est-ce qu’on va accepter que, dans
la durée, une partie de la population qui refuse de se faire
vacciner soit mise au ban de la société ?"
Le
Conseil d’Etat,
dans son avis du 19.07.2021,
va dans le même sens en reconnaissant qu’une telle mesure
[le pass sanitaire, ndlr], "en particulier lorsqu’elle
porte sur des activités de la vie quotidienne", est
susceptible de porter une atteinte "particulièrement
forte aux libertés des personnes concernées ainsi qu’à leur
droit au respect de la vie privée et familiale".
La
défenseure des droits elle-même craint que les
personnes en situation de pauvreté pourraient être doublement
victimes
et fait remarquer que "La carte des plus faibles vaccinations
recoupe celle de la pauvreté, de la fracture numérique, de
l’accès aux services publics. Les mesures envisagées
de prolongation du pass sanitaire comportent ainsi le risque
d’être à la fois plus dures pour les publics précaires et
d’engendrer ou accroître de nouvelles inégalités."
De
son côté, la Ligue des droits de l’Homme (LDH)
déplore que dans le domaine si précieux de la protection de
la vie, le gouvernement ait adopté la voie d’un autoritarisme
qui est devenue sa marque de fabrique.
Un
"En même temps" cacophonique... mais habituel
!
Le
29 avril 2020, devant la presse quotidienne régionale, le
Président de la République avait affirmé que "le pass
sanitaire ne sera jamais un droit d’accès qui différencie
les Français. Il ne saurait être obligatoire pour accéder
aux lieux de la vie de tous les jours comme les restaurants,
théâtres et cinémas, ou pour aller chez des amis".
Le 11 juin 2020, devant le Sénat, Olivier Véran affirmait
son "opposition de principe à l’usage d’un pass sanitaire
pour des activités de la vie courante telle que manger au
restaurant".
Aujourd'hui,
l'exécutif a pourtant, non seulement généralisé
le pass sanitaire, mais veut le prolonger
au delà du 15 novembre alors que, d'un autre côté,
il parle d'alléger les contraintes dans les départements
à faible circulation virale. Ainsi, le
16 septembre 2021 aux Rencontres de l'Union des entreprises
de proximité, Emmanuel
Macron s'est dit prêt à "lever
son obligation [du pass sanitaire, ndlr] là où le nouveau
coronavirus ne circule quasiment plus".
Un
provisoire prévu pour durer ?
Dans
une audition
par la commission des lois du Sénat,
le
21 juillet 2021,
la présidente de la CNIL
estimait qu'"Il y a un risque certain d’accoutumance
à de tels dispositifs de contrôle numérique, de banalisation
de gestes attentatoires à la vie privée, de glissement, à
l’avenir et potentiellement pour d’autres considérations que
la seule protection de la santé publique ici recherchée dans
un contexte exceptionnel, vers une société où de tels contrôles
seraient la norme et non l’exception".
Les
bibliothécaires se rebiffent

Le
1er octobre 2021, les
bibliothécaires ont entamé une
grève nationale contre le pass sanitaire, aux motifs que
- le
pass sanitaire est contraire à la déontologie
des bibliothèques qui dépendent des collectivités
et qui doivent être et rester ouvertes à TOUS,
- il
abime un lien social en éloignant les personnes déjà
fragilisées.
- les
bibliothécaires ne sont pas là pour juger
des choix des uns et des autres,
- alors
que, dans le même temps, on peut toujours aller dans
les supermarchés et dans les centres culturels sans
passe sanitaire.