Edito

Par Anicet Le Marre
16 juillet 2021
Le
mécanisme de la gouvernance autoritaire d'Emmanuel
Macron.

Les
électeurs auraient-ils voté pour un régime
autoritaire? Leur vote voulait-il instaurer une autocratie?
La réponse est non! Leur vote a-t-il été
détourné dans cette direction? C'est une question
que l'on peut se poser lorsque l'on observe la façon
dont les décisions de gouvernance sont prises.
Au
début de la crise du covid, le gouvernement a navigué
à vue, avec toutes les contradictions caractéristiques:
les masques inutiles ont fini par devenir obligatoires. Le
risque de contamination, insignifiant pendant les élections
locales, justifie dès le lendemain, une déclaration
de guerre assortie d'un "quoi qu'il en côute"...
La vaccination Astra Zeneca, sans reproche, est arrêtée
quelques jours pour reprendre avec force discours persuasifs
sur son inocuité, et finir en abandon...
Pendant
ce temps, la démocratie est, elle aussi, abandonnée
au profit d'une gouvernance d'exception.
La
Constitution prévoit une telle exception en son article
16:
ARTICLE
16. Lorsque les institutions de la République, l'indépendance
de la nation, l'intégrité de son territoire ou l'exécution
de ses engagements internationaux sont menacées d'une manière
grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des
pouvoirs publics constitutionnels est interrompu, le Président
de la République prend les mesures exigées par ces circonstances,
après consultation officielle du Premier ministre, des présidents
des assemblées ainsi que du Conseil constitutionnel. Il
en informe la nation par un message. Ces mesures doivent
être inspirées par la volonté d'assurer aux pouvoirs publics
constitutionnels, dans les moindres délais, les moyens d'accomplir
leur mission. Le Conseil constitutionnel est consulté à
leur sujet. Le Parlement se réunit de plein droit. L'Assemblée
nationale ne peut être dissoute pendant l'exercice des pouvoirs
exceptionnels. Après trente jours d'exercice des pouvoirs
exceptionnels, le Conseil constitutionnel peut être saisi
par le Président de l'Assemblée nationale, le Président
du Sénat, soixante députés ou soixante sénateurs, aux fins
d'examiner si les conditions énoncées au premier alinéa
demeurent réunies. Il se prononce dans les délais les plus
brefs par un avis public. Il procède de plein droit à cet
examen et se prononce dans les mêmes conditions au terme
de soixante jours d'exercice des pouvoirs exceptionnels
et à tout moment au-delà de cette durée.
C'est,
très vraisemblablement, à cet article que se
référait E. Macron lorsqu'il a solennellement
déclaré "Nous sommes en guerre".
Dans le but de créer la sensation de circonstances
exceptionnelles afin de justifier l'usage de pouvoirs exceptionnels.
Or, ni les institutions de la République, ni l'indépendance
de la Nation, ni l'intégrité du territoire ne
sont menacés. Et le fonctionnement régulier
des pouvoirs publics constitutionnels n'est pas davantage
interrompu.
Pourtant,
les décisions de gouvernance deviennent de plus en
plus autoritaires et contraignantes. Elles sont toutes prises
après consultation d'instances créées
pour les circonstances, notamment le "Conseil scientifique
COVID-19" et le "Conseil de défense sanitaire".
"En
même temps..." (sic) l'Assemblée Nationale,
cet organe dont la vocation normale est d'être la
voix du Peuple, reste cantonnée à un rôle
d'enregistrement.
Comment
en est-on arrivé là? Voici l'engrenage:
(1)
1.
E. Macron a été élu par une ridicule
minorité de Français: 18,19% des inscrits seulement
l'ont choisi au premier tour (cf ci-dessous).
2.
Une encore plus ridicule minorité (16,55% des inscrits)
a élu une nouvelle Assemblée législative
avec cependant, et compte tenu des règles en vigueur,
une très confortable majorité de 306 élus
LREM sur 577, bien entendu tous favorables à E. Macron.
3.
E. Macron prend ses décisions seul. Ce n'est pas par
hasard qu'il a très vite été rebaptisé
Jupiter.
4.
E. Macron soumet, ensuite, ses décisions aux
parlementaires qui lui sont donc majoritairement favorables.
5.
Les parlementaires adoptent obligatoirement ces décisions.
Le
tour est joué: Les décisions ayant été
adoptées par l'assemblée, sont donc censées
avoir être prises par la majorité des Français...
et sont présentées comme telles. CQFD.
Après
la carotte, gare au bâton !
L'allocution
du 12 juillet a eu le mérite de révéler
au grand jour cette gouvernance autoritaire du chef de l'Etat: