Edito

Par Anicet Le Marre
30 juin 2021
Les
élections regionales ont démontré que
la démocratie ne se résume pas à la tenue
d'élections.

Le
rejet d'un système
La
classe politique n'a de cesse de nous rabâcher que
démocratie = élections
et vice-versa.
Or,
quand les dites élections ne sont utilisées
que par un petit tiers des électeurs il y a quand même
comme un problème. Et même un sérieux
problème... de confiance dans le système. Car
un taux d'abstention de 67% n'exprime plus seulement du simple
désintérêt. Il exprime le
rejet d'un système. Mais pas que...
Le
rejet de l'option "Nouveau Monde"
On
se souvient que notre Président Emmanuel Macron est
arrivé au pouvoir sur la promesse d'un Nouveau
Monde. Rappelons par ailleurs que l'une de ses
promesses majeures de campagne était d'installer le
vote électronique (qui aurait pu, entre autre, résoudre
la question du risque sanitaire) ---> aux oubliettes.
Or,
les dites élections montrent très clairement
que ce "Nouveau Monde" est très loin de faire
recette et constituent même une
nouvelle "gifle" pour le Président.
Chaque
Français-e a bien conscience qu'Emmanuel Macron est
déjà (officieusement bien sûr) en campagne
pour les présidentielles de 2022. Chacun-e aura aussi
compris que la principale stratégie du Président
vise à réduire cette présidentielle à
un duel Macron- Le Pen duquel Macron sortirait vainqueur en
vertu du supposé réflexe "tout sauf Le
Diable".
Mais
ces élections du 20 juin 2021 viennent montrer que
les Français-es ne sont pas dupes.
--> 67,5% d'abstentions. Ce score monte à 87 % chez
les jeunes de moins de 25 ans! C'est du jamais vu. Ce n'est
plus de l'abstention mais un refus de vote massif.
Pire
encore: Ceux et celles qui ont voté ont décidé
de mettre les deux - Macron et Le Pen - dans le même
sac par
--> Un lâchage du RN: de -10% à -15% par rapport
aux sondages.
--> Un désaveu cinglant des candidats LREM de la
majorité présidentielle sur tout le territoire.
--> Dans les Hauts de France, une humiliation pour le Président
qui se voit contraint de soutenir au deuxième tour
Xavier Bertrand (LR), l'un de ses futurs adversaires aux présidentielles,
qu'il souhaitait museler dès le premier tour par l'envoi
d'une armada de ministres... armada qui n'a même pas
permis à LREM d'être présente au second
tour...
Quelle
sera la légitimité des décisions que
prendront ces si mal-élus?
Les
meilleurs scores des candidats se situent autour de 40% des
voix exprimées. Ce qui ne représente que 13%
du corps électoral (33% de 40%).
Et ce ne sont là que les meilleurs scores! Au final
et en moyenne, les élus ne représenteront même
pas 10% de l'électorat... Et encore faudrait-il déduire
les bulletins blancs et nuls...
Or
les élus, ainsi déclarés, le seront pour
prendre, pendant 6 ans, des décisions qui concerneront
l'ensemble de la population. Quelle sera alors la légitimité
de ces décisions qui ne représenteront, par
procuration, qu'une infime minorité de la population?
Comment continuer à prétendre que la démocratie
est dans les urnes?
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Pour aller plus loin: Le
vrai pouvoir d'une abstention volontaire et massive