Changer de bocal pour
Changer la société

 

 

L'affaire Benalla

 

Alexandre Benalla est un proche collaborateur du président de la République Emmanuel Macron.
Le 1er mai 2018 il s'est livré à des violences sur un jeune homme à terre, place de la Contrescarpe à Paris. Equipé d’un casque à visière des forces de l’ordre, alors qu’il n’est pas policier, et sous les yeux de la "vraie" police qui n'est pas intervenue, il s'attaque avec acharnement au jeune homme.
Les faits n'ont été divulgués que le 18 juillet par le journal Le Monde, date à laquelle l'auteur a été identifié sur des vidéos par un journaliste.


Alexandre Benalla, membre du cabinet du président de la république

Voir la video
Voir la vidéo décryptée par Francetvinfo

Commentaires:

Ces exactions n'ont été que très légèrement sanctionnées par une simple mise à pied de 15 jours. Et l'affaire a été étouffée. Alexandre Benalla a retrouvé ses fonctions d'avant. Il était présent et actif le 1er juillet à l'accueil de Simone Veil au Panthéon, au défilé du 14 juillet, dans le bus des Bleus lors du défilé sur les Champs-Elysées, le 16 juillet.

On apprend par ailleurs (Source BFM TV) que Benalla bénéficiait, depuis sa mise à pied, et après rétrogradation dans ses fonctions, d'une voiture de police (Renault Talisman) hautement équipée et, depuis le 9 juillet, d'un logement de fonction dans une dépendance luxueuse de l'Elysée au 11, quai Branly à Paris.

Bennala disposait également d'un permis de port d'arme et d'un badge d'accès à l'Assemblée Nationale classé au plus haut niveau de sécurité qui lui ouvrait les portes de l'ensemble de l’hémicycle.

Selon la même source, Benalla, qui n'a que 26 ans, a été promu au grade de lieutenant-colonel de la réserve citoyenne, affecté au cabinet du directeur général de la gendarmerie: un haut rang dans la réserve citoyenne.

Le 19 juillet trois cadres de la préfecture de police de Paris ont été suspendus, selon une information du Monde : le contrôleur général Laurent Simonin et le commissaire Maxence Creusat, tous les deux membres de l’état-major de la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) à la préfecture de police et le commandant chargé de faire la liaison entre la préfecture et l’Elysée. Ils sont soupçonnés d'avoir transmis à Benalla des vidéosurveillances des faits, le soir même des révélations du Monde.

Le 20 juillet, Benalla est placé en garde à vue. Le même jour il est licencié par la présidence de la République au motif que l'intéressé s'est procuré "illégalement" les vidéos fournies par les agents de la préfecture de police.

En d'autres termes, le fait de se procurer les vidéos de ses actes mérite licenciement, alors que les actes eux-mêmes, commis le 1er mai, ne méritaient qu'une mise à pied. Drôle d'équilibre entre les causes et les conséquences !!!


Le 20 juillet: Une perquisition au domicile de Benalla pose question
Les enquêteurs se rendent au domicile de Benalla, en sa présence, à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) pour perquisitionner le logement. Benalla n'a pas les clés et refuse de coopérer. Le logement est mis sous scellés en attendant le lendemain matin.
Samedi 21 juillet, 06H35: Une unité spécialisée ouvre la porte, toujours en présence de Benalla. Un coffre-fort censé contenir des armes a été déplacé durant la nuit.

Le 22 juillet Benalla, son ami Vincent Crase (ancien employé de LREM) et les trois policiers suspendus sont mis en examen. Benalla pour "violences en réunion, immixtion dans l'exercice d'une fonction publique, port public et sans droit d'insignes réglementés, recel de détournement d'images issues de la vidéo-protection et recel de violation du secret professionnel". Crase pour "violences en réunion, immixtion dans l'exercice d'une fonction publique et port prohibé d'arme de catégorie B". Les trois policiers pour "détournement d'images issues d'un système de vidéo-protection et violation du secret professionnel".

Le 23 juillet le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb et le préfet de police Michel Delpuech sont entendus par une commission d'enquête de l'Assemblée Nationale. L'un et l'autre se défaussent de leur responsabilité sur l'Elysée...

Alain Gibelin directeur de la DOPC, également auditionné le 23 juillet, confirme que Simonin a bien transmis les vidéos à Bennala. Il affirme aussi que Bennala a continué à représenter l'Elysée aux réunions entre le 4 et le 19 mai avec la DOPC alors même qu'il était suspendu par la mise à pied du 2 mai. Le lendemain, après que l'Elysée a démenti la participation de Bennala à ces réunions, Gibelin revient sur ses déclarations...

Les exactions du 1er mai ont été tues pendant 2 mois 1/2 jusqu'aux révélations par Le Monde.

Enfin, la rumeur lui attribue la responsabilité de l'organisation imminente d'une garde rapprochée privée du Président de la République.

Tous ces passe-droits, ces avantages, cette protection, ces exactions enfin, nous rappelent le temps des barbouzes et d'un certain service d'action civique (SAC), créé (officiellement) en 1960 pour constituer une «garde de fidèles» dévouée au service inconditionnel du général de Gaulle après son retour aux affaires en 1958, et qui fut souvent qualifiée de police parallèle.

Emmanuel Macron nous promettait un nouveau monde dans lequel tous les serviteurs de la République auraient un comportement EXEMPLAIRE. Il semble plus prompt à faire la leçon à quelque collégien naïf qu'à sanctionner ses propres brebis galeuses.

Les Français jugeront.

 

Suites du feuilleton:

24.07.2018: Macron rompt le silence
Devant un parterre de ministres et de députés LREM, donc acquis à sa cause, il déclare être le seul responsable dans l'affaire Benalla: "C'est moi qui ai fait confiance, c'est moi qui ai confirmé la sanction" ... "Qu'ils viennent me chercher" lance-t-il, comme un défi de cour d'école, à l'opposition et à tous ceux qui réclament la transparence et qui réclament maintenant qu'il s'exprime, non devant son clan, mais devant ses 66 millions d'administrés.

--> Monsieur Macron sait très bien que la Constitution le rend intouchable pendant son mandat. Alors pourquoi un tel défi impossible ?

--> Mais au fait, si les affaires étaient aussi simples et limpides que l'a dit E. Macron, pourquoi avoir laissé s'installer une crise? Il aurait pu dissiper les malentendus en faisant cette déclaration dès le début de l'affaire. Tout porte donc à croire que le sac contient encore beaucoup d'oursins.

--> Ils sont maintenant deux à revendiquer la responsabilité de la sanction infligée à Benalla: Emmanuel Macron et Patrick Strzoda, le directeur de cabinet de l'Elysée.

25.07.2018: Benalla a touché son salaire intégral pendant sa mise à pied.
Devant la commission d'enquête du Sénat, Patrick Strzoda affirme: "M. Benalla a touché pour le mois de mai son salaire intégral". En totale contradiction avec ce qu'il a annoncé le jour précédent devant la même commission à l'Assemblée Nationale.

--> M. Strzoda a expliqué que les sommes correspondant à la mise à pied seraient déduites au moment d'établir le solde de tout compte. Or, au moment de la paie de mai le licenciement n'était pas à l'ordre du jour et donc le solde de tout compte non plus! Donc Strzoda ment.

25.07.2018: Benalla donne une interview au Monde. Ses contradictions:

--> Interrogé sur l'obtention du badge H, un sésame de haut niveau qui lui donnait accès à l'hémicycle de l'Assemblée nationale, il répond: "Je l’ai demandé tout simplement parce que j’aime aller à la salle de sport de l’Assemblée". Or il n'est pas nécessaire d'avoir un badge H pour accéder à la salle de sport.

--> Interrogé sur le fait qu'il était habilité "secret-défense", il répond: "Au cabinet, tout le monde est habilité". Du jamais vu selon Romain Pigenel, ancien membre du cabinet de François Hollande.

26.07.2018: La commission d'enquête à l'Assemblée implose
Aussitôt après l'intervention de M. Macron devant son clan le 24.07, le groupe LREM essaye par tous les moyens d'empêcher que la crise déclenchée par Benalla ne révèle d'autres affaires dans l'affaire. La présidente LREM de la commission fait obstruction à toute autre audition que celles déjà programmées. Ce qui entraîne la suspension de la participation de tous les groupes d'opposition, afin de ne pas cautionner des conclusions qui seraient téléguidées depuis l'Elysée.


Les bancs de la commission d'enquête désertés par l'opposition.

31.07.2018: Une nouvelle vidéo du 1er mai accable Benalla
Franceinfo et Mediapart publient une nouvelle vidéo montrant Benalla et Crase jouant aux policiers.

Haut de page